Alain Kropf, l’art du leadership hôtelier ancré à Lausanne
La Gazette de l’Helvète célèbre celles et ceux qui dirigent avec une lumière intérieure, cette étincelle qui donne sens à leurs choix et inspire. À travers une série d’entretiens, nous partons à la rencontre de femmes et d’hommes dont la vision dépasse la réussite économique pour embrasser une idée plus large du progrès : celle qui relie l’humain, la responsabilité et la beauté du geste juste. Ces dirigeants cultivent un leadership ancré dans la conscience, où chaque décision, chaque action, s’inscrit dans une cohérence durable. C’est cette part d’âme, discrète mais essentielle, que nous avons choisi de mettre en lumière.
À la tête du Royal Savoy Lausanne depuis 2014, Alain Kropf incarne une nouvelle génération de dirigeants hôteliers : visionnaires, humains et profondément ancrés dans leur communauté. Derrière ce lieu emblématique, il insuffle une philosophie simple mais exigeante : donner du sens à chaque expérience, pour ses clients comme pour ses équipes.
« Nous changeons souvent la vie des gens, confie-t-il. Ce que nous créons ici, ce sont des souvenirs. » Cette conviction guide chacune de ses décisions. Chaque matin, il réunit ses chefs de département autour d’un briefing où les commentaires clients s’affichent en direct. Louanges et critiques sont analysées sans détour : « Les retours élogieux ne tombent pas du ciel, ils sont le fruit d’une foule d’efforts en amont. »
Son parcours, lui, relève presque du hasard heureux. En 2014, alors qu’il travaillait pour le Shangri-La en Indonésie, il tape un soir sur Google : « directeur général, hôtel, Lausanne ». Le poste pour la réouverture du Royal Savoy venait d’être publié. Il postule, et le destin s’en mêle. « La vie est une succession de hasards et de rencontres. Une semaine plus tôt ou plus tard, l’annonce n’était pas là. La chance est l’ombre de la volonté. » Lausannois d’origine, il voit dans cet hôtel emblématique un lien fort avec la cité. Sous sa direction, le Royal Savoy s’affirme comme un acteur culturel et social de Lausanne. Concerts de musique de chambre, partenariats avec le LHC, le Golf Club ou l’Opéra de Lausanne : autant d’initiatives pour ouvrir le lieu sur sa communauté. « Je veux que les Lausannois se sentent chez eux ici. On peut venir simplement boire un café, et il est moins cher qu’au Starbucks ! »
© Robert Miller
Chaque initiative, qu’elle soit culturelle, sociale ou locale, s’inscrit dans une démarche de sens. Pour Alain Kropf, diriger un hôtel, c’est avant tout tisser du lien : avec la ville, avec les équipes, avec les clients. Le Royal Savoy n’est pas seulement un lieu d’accueil, mais un acteur vivant de sa communauté.
Sportif accompli, triathlète et finisher d’un Ironman, Alain Kropf transpose au management les valeurs du dépassement de soi : résilience, rigueur et persévérance. « Comme dans le sport, on ne lâche rien. On teste, on ajuste, on recommence jusqu’à ce que ça marche. » Son approche participative encourage l’autonomie et la créativité : il fixe un cap, donne les moyens, puis se positionne en soutien, avec une attention constante aux détails.
Sous sa direction, le Royal Savoy conjugue tradition et conscience contemporaine. L’établissement, certifié Green Globe et Swisstainable Hotel, mène une politique ambitieuse d’efficacité énergétique et de réduction du plastique. Chauffage à distance, éclairage LED, isolation renforcée : la durabilité s’ancre dans le concret, au même titre que l’élégance du service.
Dans cette quête de cohérence, chaque détail compte. Les produits d’accueil évoluent vers des formats réutilisables, les équipes sont sensibilisées à des pratiques responsables, et la collaboration avec des partenaires locaux engagés – comme Nicolas Rochat, pionnier du zéro plastique – renforce encore cette dynamique.
Sous son impulsion, le Royal Savoy conjugue luxe et responsabilité. Dans un secteur souvent guidé par la rentabilité, Alain Kropf assume une autre boussole : le sens et l’impact. « Certaines actions ne rapportent pas directement, mais elles nourrissent notre mission, notre identité et le lien avec la ville. » Une vision où l’excellence se mesure autant au cœur qu’aux étoiles.
Son style de direction s’enracine dans une exigence tranquille, faite de clarté, d’écoute et d’exemple. « Être critique, oui, mais toujours en accompagnant et en proposant une solution », précise-t-il. Une philosophie simple, presque invisible, mais qui façonne jour après jour l’esprit du Royal Savoy.