Sister Jayanti : méditer pour guérir le monde
Et si la paix mondiale commençait par un moment de silence ? Rencontre avec Sister Jayanti, figure emblématique de l'organisation spirituelle Brahma Kumaris, qui depuis plus de 50 ans enseigne la méditation comme un véritable levier de transformation personnelle et collective.
De Pune à Londres, une vocation née dans le silence
Tout commence à Pune, en Inde. Dès l’enfance, Sister Jayanti baigne dans une atmosphère spirituelle. À huit ans, elle découvre les enseignements de Daddy Janki – une femme qui deviendra plus tard la dirigeante de Brahma Kumaris – et commence à fréquenter le centre local pendant les vacances d’été. Quelques années plus tard, la famille s’installe à Londres, et sa mère introduit ses enfants à la méditation du soir. Une graine est plantée. Mais c’est à 18 ans, lors d’un long séjour en Inde, que l’appel intérieur se fait entendre : “Je voulais comprendre ce que l’Inde pouvait vraiment m’offrir.” C’est alors que Daddy Janki lui parle de la conscience, de ses couches qui obscurcissent nos décisions. Sa réponse ? “Médite.” La direction est donnée. En quelques semaines, Sister Jayanti s’engage pleinement sur cette voie.
Une organisation spirituelle dirigée par des femmes
Depuis la disparition du fondateur Brahma Baba en 1969, ce sont des femmes qui ont pris la tête de l'organisation — un fait rare dans le monde spirituel. “Elles ont su collaborer, guider, fédérer au lieu de diviser.” Aujourd’hui, c’est une sœur basée à New York qui assure la direction mondiale, tout en partageant son temps entre l’Orient et l’Occident. Une passerelle précieuse entre les cultures. En 1971, Sister Jayanti fonde le premier centre de Brahma Kumaris à Londres. Sous l’impulsion de Daddy Janki, le mouvement s’étendra à plus de 120 pays en 40 ans. En 1998, il obtient un statut consultatif général auprès de l’ONU, devenant la première organisation spirituelle orientale à le recevoir.
Une vision universelle
Sister Jayanti croit en une spiritualité profondément ancrée dans le réel. “La compassion et le respect sont deux qualités essentielles aujourd’hui.” Végétarienne depuis la naissance, elle est devenue végane il y a huit ans, en comprenant la souffrance liée à l’exploitation animale : “La méditation ne vous oblige pas à changer de régime… mais très vite, ce changement vient naturellement.” Elle insiste sur une vérité simple mais puissante : la transformation commence à l’intérieur. Pas de dogme, ni de rituel : une spiritualité accessible et universelle, centrée sur la conscience de l’âme, le karma, et la connexion à Dieu comme lumière, paix et amour. “Le but est de maintenir un état de conscience élevé, quelles que soient les circonstances extérieures.”
À une époque marquée par les tensions, les extrémismes et l’effondrement des repères, Sister Jayanti offre une alternative apaisée. “C’est un monde fou, rempli de négativité. Mais la méditation est une nécessité vitale. Le changement ne commence jamais par la majorité, mais par quelques individus engagés.” Sister Jayanti était présente le 20 juin dernier à Genève pour donner une conférence exceptionnelle sur le thème de la gestion des émotions dans le monde en crise. Un événement inédit animé par Philippa Blackham, qui a rassemblé plus de 150 personnes, au cours duquel cette figure éminente des Brahma Kumaris a partagé un message simple, radical et lumineux : la bonté est plus puissante que le mal.